Je n’ose pas dire que je dors entre les jambes de monsieur Nuit, ou que je dors en corps à corps avec lui.
Ressortant de là, hésitant et me dessinant des branches de forêt pour garder vraisemblance à l’instant tel que je croyais l’entendre en allées et venues d’un monsieur Nuit familier remuant le contenu de la canopée où dormaient peut-être encore des singes dans leurs nids… un arbre étirant des jambes et des bras… des martinets dormant sur le dos des nuages... les mots glissent jusque dans la main, imaginent le crayon qui les fait gardiens de l’oubli.
La tourterelle goulue appelle son autre, maintenant. Une nappe de rumeur s’étire, le quotidien est réveillé. Je suis resté un vieil enfant. Les cadeaux du jour solaire dans les arbres sont tels que vous courez les enfouir dans une cachette. Vous savez que quelqu’un les trouvera, vous avez un instinct d’écureuil pour vos bonheurs. Puis vous vous parachutez ou vous glissez de branche en branche pour rejoindre le sol.
Journal de la rivière 14