Je me retrouve dans cette courbe langoureuse des peupliers, en contrebas de la cabane où vivaient Maria, Hector et l'oiseau-chacal.
Ce sont des mots, ce sont des phrases qui dégoulinent des grands draps.
Elles vengent, ces lessives-là, des générations de femmes qu'on avait fait taire — parce que la grande rumeur du savoir tout puissant avait besoin de passer sur elles, de couvrir leur chant, de dominer leur plainte, de se nourrir de leur souffle, de leur chair, de leur baiser. Elles serrent ces draps lourds et trempés sur des fils de fer, à l'aide de pinces à linge qui leur étirent exagérément les oreilles (aux hommes) dans leur colère. La musique se gonfle et s'aiguise, va du raclement aux cris, des murmures, des feulements aux clameurs et au silence. Elles s'échappent de ces draps, le ciel s'en empare.
Pourquoi fais-tu sécher tes écritures, Maria, avait demandé un jour l'homme.
Journal de la rivière